Associer les mots « commerce » et « équitable » laisserait supposer qu’une grande partie de ce que nous appelons « le commerce » serait…inéquitable ???
Cela est vrai pour les petits producteurs des pays dits « du sud » à qui nous achetons des produits que nous ne pouvons produire ici : café, thé, chocolat, fruits exotiques, artisanat…
Qu’est ce que c’est au juste ?
La première association de commerce alternatif a été créée en 1964 (1er Magasin du Monde). Mais c’est seulement en 2002 que les organisations de CE se sont mises d’accord sur une définition du commerce équitable : « partenariat commercial fondé sur le dialogue, la transparence et le respect, dont l’objectif est de parvenir à une plus grande équité dans le commerce mondial ».
Le commerce équitable est une alternative au commerce traditionnel, c’est une pratique militante : « Les organisations de commerce équitable, soutenues par les consommateurs, s’engagent activement à soutenir les producteurs, à sensibiliser l’opinion et à mener une campagne en faveur des changements dans les règles et les pratiques du commerce international conventionnel. »
Quelles sont les règles du commerce équitable ?
Les importateurs du nord commercent avec les producteurs du sud selon certaines conditions :
- On privilégie les producteurs marginalisés organisés collectivement.
- Une rémunération juste et stable est appliquée (le prix est fixé en fonction des coûts de production et du coût de la vie, et non selon les termes de l’échange mondial, qui sont fluctuants et ne cessent globalement de se dégrader pour les pays du sud). Ce prix assure aux petits producteurs un salaire qui leur permette de vivre dignement de leur travail.
- Préfinancement : on paie une partie de la commande d’avance afin de permettre aux producteurs de pouvoir investir dans du matériel de production
- Respect des droits sociaux des producteurs suivant les conventions de l’Organisation Internationale du Travail
- Les importateurs du nord assurent des débouchés aux producteurs du sud : il faut donc trouver un compromis entre ce que peut produire le sud et ce que les consommateurs du nord veulent acheter.
- Diminution au maximum des intermédiaires commerciaux ce qui permet de garantir ce prix juste
- Enfin, c’est un partenariat commercial durable : le commerce équitable a une vision sur le long terme. Au terme de ce partenariat, les producteurs acquièrent leur indépendance.
On distingue deux filières de commerce équitable :
La filière intégrée concerne la vente de produits artisanaux, importé directement par les magasins du type Artisans du Monde ou Artisans du Soleil. Il n’y a donc pas de contrôles stricts car les produits sont très variés et divers. La démarche repose sur une confiance mutuelle et le respect d’engagements contractualisés et progressifs, autour d’une charte commune.
La filière labellisée est apparue dans les années 80 afin de permettre aux entreprises de la distribution d’introduire des produits de CE avec une certaine garantie. Elle concerne surtout les produits alimentaires et agricoles. La fédération FLO international (Fairtrade Labelling Organizations) établit la certification et donne le label. Max Haveelar (France, Hollande…) fait partie de cette fédération.
Le commerce équitable en réponse…
… Aux enjeux économiques locaux. Il s’agit de ré – instaurer l’indépendance économique des pays du sud : le travail de ces pays est rémunéré de manière juste. De plus, le sud a appris à vendre au sud et à accroître ses propres débouchés. Ainsi, désormais, une grande partie de la valeur ajoutée créée par les pays du sud reste au sud.
… Aux enjeux sociaux. En effet, les coopératives deviennent des points centraux organisant toute la vie sociale des populations ce qui permet de lutter contre l’exclusion et la discrimination.
… Aux enjeux environnementaux. En effet, les produits équitables sont de plus en plus labellisés Bio. Ils prennent donc en compte l’environnement naturel.
Le commerce équitable : vers un autre mode de consommation
Il existe un acteur primordial dans le commerce équitable : VOUS. C’est en effet le consommateur final par son acte d’achat, qui décide de la survie ou non d’un produit. Acheter un produit du commerce équitable est un geste militant si on a conscience de ce que cela implique derrière. Ainsi, éduquer au commerce équitable c’est éduquer à un autre mode de consommation : consommons moins mais mieux.
Autres thématiques induites par le commerce équitable…et à approfondir…
Certains produits alimentaires du commerce équitable peuvent obtenir le label « bio » si les conditions de l’agriculture Bio sont respectées. Après l’économique et l’humain, le commerce équitable touche dans ce cas l’environnement.
Il existe un commerce équitable Nord Nord : un « commerce équitable local ». En effet, le commerce est également inéquitable pour une grande partie des paysans d’ici. Cela amène à une autre réflexion : relocalisons la production alimentaire et l’économie, consommons ce qui est produit localement.
Conclusion en chiffres
- au niveau mondial : 700 millions de dollars dont les trois quarts pour l’Europe et un quart pour les EU. Il représente moins de 1% des échanges mondiaux mais augmente rapidement. (+81% en France et +400% en Italie en 2003)
- au EU et au Canada, le CE s’est développé tardivement, le premier café Transfair Canada a été importé en 1996 et en 1999 aux EU. Les réseaux de distribution rapide s’intéressent aussi au CE…
- en Europe, le CE est apparu d’abord aux Pays-Bas en 1973, mais sa notoriété se développe surtout depuis 5 ans à 10 ans ; cette notoriété est d’ailleurs plus importante dans les pays du Nord et centre de l’Europe que dans les pays du Sud. Les deux champions sont la Suisse et le Royaume-Uni.
- en France, de plus en plus de produits du CE sont vendus, mais c’est surtout parce que l’offre est de plus en plus diversifiée, il y a de plus en plus de produits proposés et de nouveaux produits.